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Nonfiction : Vous avez publié récemment un livre où vous définissez un programme de recherche de sociologie des données qui part du principe que, contrairement à l’idée qu’il existerait des données brutes qu’il suffirait de collecter, celles-ci font nécessairement l’objet d’une transformation importante pour pouvoir être utilisées à des fins diverses et variées. Pourriez-vous éclairer ce
point ?
Jérôme Denis : Le programme de recherche qui est exposé dans ce livre a vu le jour face à la généralisation de ce qui m’est apparu comme un « néo-positivisme » de la donnée. Dans les descriptions et les promesses faites autour des big data, mais aussi du côté du mouvement dit de l’open data et des politiques qui ont été mises en œuvre en son nom depuis une dizaine d’années, les données sont en effet presque toujours un point de départ, une évidence. Un matériau qu’on présente comme désormais massivement disponible.
L’objectif premier du livre était de rappeler que ce postulat est problématique. Pour cela, je reviens sur les travaux qui, en sociologie des sciences, mais aussi en anthropologie de l’écriture ou en histoire des organisations, ont montré que les données ne tombaient pas du ciel. Ces travaux nous expliquent d’une part qu’une donnée est toujours ancrée dans un contexte particulier d’utilisation, et d’autre part que la production des données repose sur un travail qui n’est jamais complètement mécanique malgré la longue histoire de la « rationalisation » de la production de l’information. C’est en ce sens que Geof Bowker écrit que la notion de « donnée brute » est un oxymore.
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