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Institut Interdisciplinaire de l'Innovation

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Fête de la science 2021
Posté le 4 octobre 2021

1) L'émoi de la découverte par Pierre-Jean Benghozi

Retrouvez sa vidéo dans l'espace média du site d'i3

Interview d'Aliénor Morvan

2) Le plaisir de tester pour des élèves ingénieurs sur un projet en design un nouvel outil

Des élèves de Télécom  Paris proposent un aménagement du hall de l’école en utilisant un Hyve 3D.

Interview d'Aliénor Morvan

Trois équipes d’élèves ingénieurs concourent à l’aménagement du hall d’accueil du nouveau bâtiment de Télécom Paris inauguré en novembre 2019. Leur mission ? Proposer un projet de transformation de ce lieu de passage en espace chaleureux et convivial parce que c’est la première impression qui compte ! Le  premier contact va déterminer la perception positive ou négative des visiteurs. Pour mener une bonne impression aux visiteurs et faire de ce lieu, un espace accueillant, les étudiants mènent ce projet en inaugurant un nouvel outil le Hyve 3D qui permet aux utilisateurs d’être immédiatement dans un espace en 3D.

"L'émotion de la découverte nous intéresse dans la manière d'appréhender un outil", explique Aliénor Morvan, doctorante en design (sous la direction de Françoise Détienne, Stéphane Safin, enseignants-chercheurs en ergonomie cognitive, et Tomas Dorta, professeur de design à l'Université de Montréal et concepteur du Hyve 3D). "Les élèves ingénieurs sont technophiles et étaient impatients de découvrir cet outil. Ils ont apprécié de travailler avec le Hyve 3D, qui leur permet de dessiner en 3D, de voir immédiatement le rendu du travail effectué dans une maquette et de se projeter dans le lieu. C'est très utile, surtout quand on ne sait pas dessiner.  Les élèves ingénieurs ont aimé l'aspect technologique et l'aspect intuitif. Ils ont été très vite réceptifs. Ils ont trié les différentes tâches, ils ont rapidement rationalisé les choses entre ce qu'ils pouvaient faire dans la maquette et ce qu'ils pouvaient faire dans le Hyve 3D. Tous les éléments qui vont être suspendus, c'était plus facile à matérialiser dans le Hyve 3D" poursuit-elle. Si Aliénor et Stéphane Safin, enseignant-chercheur en ergonomie cognitive, s'intéressent autant aux réactions des participants, c'est que le projet est un travail de co-conception. Ainsi, les chercheurs étudient comment les participants, eux-mêmes usagers du lieu, élaborent le projet. Leurs recherches portent sur la fonction des outils et des méthodes et sur la compréhension du comportement des utilisateurs.

 

Cette étude de co design est bien un travail scientifique. Mal connu en France, le design est souvent considéré comme un travail uniquement esthétique alors qu’il s’agit d’une science de la conception. Le design est un champ de recherche dans les pays anglo-saxon depuis longtemps. L’incompréhension est née du fait que le mot design vient  de dessiner qui est une francisation du verbe italien designare mais en italien designare a aussi le sens de concevoir. « Le mot design vient du mot dessiner mais aussi du mot dessein c’est-à-dire de l’intention. Le design est donc le mariage d’un outil d’expression le dessin pour servir une intention. » a coutume de dire Annie Gentes, Annie Gentes, Directeur de  Recherche à CY School of Design.

On l’aura compris l’observation et l’empathie sont primordiales dans cette discipline.  Il faut pouvoir se mettre à la place du visiteur également. « Quelles émotions a-t-on envie de faire ressentir aux visiteurs qui arrivent ? Les visiteurs vont entrer et se projeter dans le bâtiment ? Comment donner une émotion suffisamment forte aux candidats qui passent les concours  pour  qu’ils choisissent cette école ? L’atelier a fait découvrir aux étudiants travaillant sur ce projet des points de vue totalement différent qu’ils n’avaient jamais adoptés pour percevoir l’école. Le hall d’accueil donne une idée de lidentité de l’école. L’atelier leur a permis d’avoir un regard neuf sur le bâtiment lui-même » conclut-elle.

Plus d'information sur ce projet.

3) "Fête de la science 2021 : « Le numérique et le living-lab pour faire stimuler la collaboration entre citoyens et régulateurs lors de la prise en charge d’une victime d’un arrêt cardiaque "

Comme chacun sait, le massage cardiaque pratiqué immédiatement contribue à sauver des vies, qu’il soit effectué par des professionnels ou par des citoyens. Certains centres d’appel ont d’ores et déjà mis en place des techniques d’accompagnement aux premiers secours destinées à ceux qui n’ont jamais pratiqué un massage cardiaque. Malheureusement, par peur de mal faire ou de faire mal à la victime, de nombreux témoins restent paralysés en attendant l’arrivée des urgences. Ceci est d’autant plus dramatique que seuls 7 à 10 % des patients (Gräsner et al., 2020 survivent à un arrêt cardiaque ayant lieu hors hôpital. C’est pourquoi il est nécessaire de travailler avec les citoyens et les professionnels du secours à la personne afin d’augmenter les chances de survie des victimes.

C’est dans ce contexte que le projet “Numérique et living-lab : pour un citoyen secouriste” a été financé par la Fondation pour la recherche MAIF pour une durée de 2 ans en collaboration avec les Hôpitaux Universitaires de la ville de Genève et leur centrale d’appels 144. Le projet vise à comprendre les dynamiques qui se jouent entre le régulateur (opérateur de la centrale d’urgences) et le citoyen lors d’un appel d’urgence et l’effet de médiation d’une application numérique (SARA) destinée lors de la prise en charge effective de la victime. Il s’agit également de mettre en lumière comment ces comportements individuels sont constitutifs d’une prévention collective.

De nombreuses applications numériques existent déjà pour les citoyens formés aux gestes de premiers secours. Ces applications, Permis de Sauver ou Staying alive par exemple, sont connues des centres d’appel 15, 18, 112. Les citoyens mobilisés par ces applications sont des citoyens particuliers : sapeurs-pompiers, pompiers volontaires, ou des personnes titulaires d’un brevet de secourisme. L’application SARA est destinée à un public plus large car sans connaissance ou compétence en secourisme. Elle permet à la personne qui appelle d’être accompagnée par le régulateur au moyen d’un guidage vidéo.

Ophélie Morand, post doctorante en Psychologie Ergonomique,  Stéphane Safin, Maître de conférence en Ergonomie, spécialiste en méthode de co-création participatives favorisant l’implication des citoyens et en appropriation des technologies par les usagers et Caroline Rizza, Maîtresse de Conférences en Sciences de l’Information et de la Communication spécialiste de la gestion de crise et d’urgence et des compétences numériques de ses acteurs collaborent au sein de ce projet pour comprendre les enjeux d’une telle médiation numérique et de la confiance qu’elle peut favoriser entre professionnels du secourisme et citoyens.

Les trois chercheurs s’appuient sur une méthodologie spécifique (le living-lab) visant à faire se rencontrer et collaborer des professionnels du secours à la personne (opérateurs/régulateurs des centres d’appels) et des citoyens avertis (premiers répondants) ou novices. Les parties prenantes réaliseront des simulations de situations d’urgence basées sur des scénarios co-construits par les chercheurs et les médecins des HUG. Le living lab est une méthode qui a démontré son efficacité quant au transfert de connaissances et l’élaboration d’un discours et d’un référentiel commun pour les parties prenantes. « Les opérateurs des services d’urgence pensent donner des indications claires aux citoyens secouristes. Mais  ces informations ne sont pas toujours comprises sur le terrain» détaille Caroline Rizza, responsable scientifique du projet. Ces journées de travaux permettront de tester l’application, de faire émerger de  nouvelles idées, de réfléchir ensemble aux fonctionnalités et à l’ergonomie de l’application, mais surtout d’identifier  collectivement les freins et les leviers relatifs à la réalisation des gestes qui sauvent afin de favoriser la création d’un lien, d’une confiance. Les chercheurs s’intéressent particulièrement au vécu et aux pratiques des citoyens et des professionnels en matière de gestes de premier secours tout en sensibilisant collectivement les citoyens à ces gestes.

La journée de Living Lab sera divisée en deux temps ; les ateliers de simulation puis, pour les volontaires, la participation à des ateliers de photographie animés par Hortense Soichet, chercheuse et photographe. Ces ateliers permettront de retracer des échanges ayant eu lieu entre citoyens et professionnels du secours. Il s’agira de mises en scène reprenant une sélection des situations évoqués, gestes récurrents, sentiments à mettre en évidence, etc. Ces photographies seront des reconstitutions de ces actions jouées par les participants et envisagés comme un prolongement du travail effectué dans le cadre du Living Lab. « Elle va saisir une crainte, un geste et les remettre en situation. Je souhaite réutiliser ces photos pour refaire parler les gens, pour aller plus loin que les entretiens que nous pratiquons dans ce cadre » détaille Caroline.

Ce travail commun sur les simulations, le vécu et les émotions de chacun a pour objectif de faire émerger une compréhension mutuelle et une collaboration naissante, permettant de développer une confiance entre les deux groupes amenés à travailler ensemble, élément primordial pour la réussite d’une intervention. « La confiance mutuelle des citoyens est des services de secours est la clé dans leur implication dans l’opération de secourisme.  Pour se laisser guider par les services de secours et appliquer les gestes qui sauvent, les citoyens doivent être en confiance et à l’inverse le régulateur ou l’opérateur doit pouvoir faire confiance à l’appelant pour réaliser ces gestes grâce au guidage numérique» concluent les trois chercheur.e.s.