i3, une unité mixte de recherche CNRS (UMR 9217)
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Institut Interdisciplinaire de l'Innovation

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Workshop « Labelling and the politics of markets »
Posté le 27 septembre 2016

6 & 7 octobre, organisé par Alexandre Mallard et Brice Laurent (CSI-i3), Eva Boxenbaum (CGS-i3), Véronique Beillan et Aurélie Tricoire (CSTB)

La labellisation de produits et de services est devenue une pratique courante depuis un certain nombre d’années. Un label peut marquer le fait que le produit est reconnu par des acteurs spécifiques, qu’il est compatible avec différentes exigences techniques, qu’il est conforme à certains législations, ou réputé meilleur que des produits comparables.

La labellisation fait partie de ces pratiques de marché qui introduisent dans les transactions d’autres acteurs que les acheteurs et les vendeurs, d’autres préoccupations que les prix et les préférences. Elle produit des mises en ordre spécifiques du marché, s’appuyant à la fois sur une dynamique de mimétisme (elle met des biens similaires dans une même catégorie) et de différenciation (elle met en évidence les biens qui méritent d’être distingués).

Pourtant, l'intérêt des chercheurs en sciences sociales pour la labellisation va bien au-delà de ses caractéristiques économiques en tant que telles. La labellisation ne témoigne-t-elle pas du fait qu’ « il y a quelque chose au-delà de l'économique sur le marché »? N’est-ce pas un moyen d'insuffler de la politique dans l'économie?

Les dimensions politiques plurielles de la labellisation

La recherche en sciences sociales s’est intéressée aux dimensions politiques plurielles de la labellisation. Une certification sur l’origine d’un produit peut aussi renvoyer au fait qu’il vient d’un territoire avec certaines spécificités socio-politiques. Un label qui porte sur une méthode de production introduit dans la sphère de la consommation certaines préoccupations qui vont au delà de la consommation elle-même : dimensions éthiques et sociales (commerce équitable), soutien à l’économie locale (« made in France »), droits des animaux (« élevage en plein air »), avenir de la planète (eco-labels) etc.

Au delà des pratiques de consommation, les dimensions politiques de la labellisation s’étendent aux processus qui mettent en forme les échanges sur les marchés et aux dispositifs qui les rendent possibles Dans un certain nombre de situations, la labellisation apparaît comme un instrument de politique publique qui est mobilisé au bénéfice d’objectifs politiques généraux (santé, développement durable, éducation …).

La labellisation, un moyen d'intervention politique approprié par les acteurs privés et les ONG

Mais quand elle est portée par des acteurs privés qui s’approprient le rôle traditionnel de la régulation publique, elle peut être interprétée comme un signe du retrait de l’Etat de l’organisation économique. Dans d’autres situations, les labels sont vus comme des plateformes qui rendent possible la coopération entre les acteurs publics et privés (par exemple dans le secteur de la construction, dans lequel les labels soutiennent l’innovation), ou la coordination de différents niveaux d’action publique (par exemple dans les politiques urbaines, les labels sont utilisés par l’Etat comme un outil pour promouvoir les « best practices » mises en place par les autorités locales). En dehors de l’Etat au sens strict, les labels apparaissent comme un outil central au profit des stratégies mises en place par des coalitions rassemblant des acteurs variés (ONG, syndicats de fabricants, représentants de consommateurs, experts indépendants, etc.)

Une variété de questions à explorer

Comment appréhender la diversité de pratiques de labellisation et leur inscription politique dans le marché ? Comment les labels émergent-ils en lien avec des processus politiques et des dynamiques économiques ? Comment les autorités publiques essaient-elles de peser sur la constitution des labels et de contrôler leur devenir ? Comment la labellisation se compare-t-elle – voire se combine-t-elle – avec d’autres modalités d’intervention politique sur l’économie ? Comment caractériser les formes de gouvernementalité associées aux labels ? Comment les militants utilisent-ils, conçoivent-ils, contestent-ils les labels afin de promouvoir leur objectifs politiques particuliers ? Comment les consommateurs appréhendent-ils les significations des labels et les stratégies économiques et politiques associées à leur développement ? Comment les labels soutiennent-ils le développement de modalités multiples – politique, morale, sociale – de valuation à l’intérieur des marchés ?

Le workshop invite à réfléchir sur le rôle de la labellisation dans les processus démocratiques, dans le contexte des transformations contemporaines de l’économie, du développement durable et des incertitudes de la globalisation.

Un workshop pour préparer une publication commune

C’est à cette diversité de configurations que s’intéresse le workshop « Labelling and the politics of markets ». Le workshop est organisé dans le cadre du projet LaPIn, projet ANR qui explore le rôle des labels dans la promotion de l’innovation pour la construction durable. Le workshop a pour objectif de favoriser l’échange et la discussion autour des recherches récentes sur la labellisation, dans la perspective de préparer une publication commune (livre collectif ou numéro spécial d’une revue).

Les participants sont invités à proposer des contributions interrogeant le rôle des labels au croisement de l’inscription socio-politique des marchés et des implications de la démocratie technique. Les contributions peuvent venir de différentes disciplines (sociologie, organization studies, science politique, STS, market studies …) et elles peuvent explorer le rôle de la labellisation dans la politique des marchés sur des domaines particuliers et au travers de modalités spécifiques d’investigation.