i3, une unité mixte de recherche CNRS (UMR 9217)
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Institut Interdisciplinaire de l'Innovation

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Regards croisés sur les limites planétaires (environnement, droit, numérique)
15 Novembre 2024 • 9h-17h • Bâtiment IMAG Université Grenoble Alpes

Clément Marquet et Florence Maraninchi organisent le 15 novembre à Grenoble une journée d’étude intitulée “Que faire des limites planétaires ?” dans le cadre du projet CNRS ALDIWO (voir détails plus bas), avec le soutien du projet CMA VerIT.
Cette journée vise à rassembler des présentations issues de différentes disciplines pour réfléchir aux enjeux d’opérationnalisation des limites planétaires, avec une attention spécifique aux questions liées au numérique.



La journée est gratuite sur inscription.
Elle aura lieu au bâtiment IMAG sur le campus.




Programme

9h-9h10 : Mot d’introduction

9h15-10h15 : Théo Vischel, enseignant-chercheur en hydrologie à l’Université Grenoble Alpes au sein de l’Institut des Géosciences de l’Environnement. Limites planétaires: concept et matière à réflexion pour un futur soutenable

10h15-10h45 : Pause

10h45-12h15 :

Claire Malwé (IODE, Univ. de Rennes), thème “les limites planétaires dans le droit” [topic ‘planetary limits in law’]

Olivier Michel (LACL, Université Paris-Est Créteil), thème : “limites planétaires et enseignement de l’informatique” [topic ‘planetary limits and computer science education’]

12h15 – 14h : Repas

Ateliers : vers 14h-14h15

Fin : 17h

Présentation de la journée

Depuis une quinzaine d’années, la trajectoire suivie par le secteur du numérique est régulièrement interrogée au regard de son empreinte croissante sur la planète, non seulement en matière d’émission de gaz à effet de serre mais également de pression sur les ressources hydriques et abiotiques, d’écotoxicié etc. Face aux critiques, les industriels ont réagi en mettant en avant les gains d’efficacité obtenus par optimisation des systèmes de production, des équipements électroniques, du code informatique, par le rachat de certificat d’énergie etc. Ces approches perpétuent implicitement l’idée d’une croissance sans limite, d’un système technique qui pourrait s’affranchir des contraintes de ressources. Questionnant cet élan sans cesse renouvelé vers une informatique sans limite, nous proposons de nous tourner vers les recherches portant sur les limites planétaires. Celles-ci connaissent un essor important depuis les années 2010, donnant lieu plus récemment à un ensemble de travaux visant à opérationnaliser ce qui apparaissait en premier lieu comme un programme de recherche scientifique. Que faire des limites planétaires ? Dans quelle mesure peut-on mobiliser dans des perspectives pratiques un champ de recherche récent et aux résultats fluctuants ?
Cette journée est organisée en deux temps. La matinée rassemble des chercheurs et chercheuses qui interrogent cette notion de limites planétaires dans différents domaines : environnement, droit, informatique. L’après-midi rassemblera la communauté de recherche en numérique responsable dans des ateliers interrogeant l’opportunité et les modalités d’une informatique inscrite dans les limites planétaires.

Projet ALDIWO (Anti-limits in the Digital World)

C’est un projet de recherche porté par Clément Marquet et Florence Maraninchi, soutenu par la Mission pour les Initiatives Transverses et Interdisciplinaires (MITI) du CNRS.
Les impacts environnementaux du numérique sont étudiés en recherche sous deux angles principaux : (1) les approches dites “Green IT” s’attaquent à l’optimisation de consommation électrique des équipements numériques en phase d’usage ; (2) les approches dites “Green-by-IT” ont l’ambition de réduire les impacts environnementaux de secteurs autres que le numérique, grâce au numérique.
Ces directions actuelles ne suffisent pas à couvrir l’ensemble des futurs envisageables quant à la place du numérique dans les bouleversements environnementaux actuels et à venir : (1) il n’y a pas d’exemple dans l’histoire du numérique, où les optimisations n’aient pas été accompagnées d’effets rebond massifs qui annulent les gains de ces optimisations ; (2) les gains théoriques espérés en proposant une nouvelle génération d’équipements numériques ne sont pas toujours au rendez-vous en pratique, en partie parce qu’une génération ne remplace pas la précédente, mais s’y ajoute, au moins pendant un certain temps ; (3) il est très difficile d’évaluer la potentielle réduction des impacts environnementaux des autres secteurs qu’on cherche à optimiser grâce au numérique. C’est un pari risqué de tout miser sur le fait que ces réductions seront suffisamment importantes pour autoriser le numérique à ne pas réduire ses propres impacts.
Pour que le numérique prenne sa part de la nécessaire réduction des impacts environnementaux globaux, il faut absolument envisager d’autres pistes que le green-IT et le green-by-IT. Il y a tout un pan de recherche potentielle en informatique qui constitue de la science non faite (Undone Science [1]). Ces sujets peuvent être étudiés depuis l’intérieur de la discipline informatique, en réexaminant systématiquement les choix de conception des systèmes anciens ou modernes, en cherchant des points d’optimisation potentielle encore non explorés, en évaluant la fragilité des infrastructures numériques vis-à-vis de contraintes drastiques imposées de l’extérieur, etc.
La réflexion cantonnée aux domaines de recherche du numérique nous semble cependant avoir deux défauts principaux : (a) elle est intrinsèquement limitée aux aspects pratiques et technologiques de la question, sans bien savoir par exemple comment tenir compte des usages, des effets rebond, des effets d’accélération de tous les autres secteurs, etc. ; (b) elle pâtit, même si c’est parfois inconscient, d’un cadre de réflexion qui voit les technologies numériques comme un (voire le seul) moyen d’ouvrir les futurs possibles, et toute idée de limitation comme relevant d’un pessimisme irréaliste ou d’un manque de confiance condamnable. Or dans son article “Predictions Without Futures” [2], S. Hong décrit parfaitement comment l’imaginaire du monde technologique, loin d’ouvrir les futurs, les referme complètement.
Dans ce projet, nous proposons donc d’explorer la notion de « limite » dans un cadre pluridisciplinaire, afin de dessiner des pistes pour un programme de recherche prenant au sérieux le projet d’une sobriété numérique.

[1] S. Frickel, S. Gibbon, J. Howard, J. Kempner, G. Ottinger, and D. J. Hess, “Undone Science: Charting Social Movement and Civil Society Challenges to Research Agenda Setting,” Science, Technology, & Human Values, vol. 35, no. 4, pp. 444–473, Jul. 2010, doi: 10.1177/0162243909345836.

[2] S. Hong, “Predictions Without Futures,” History and Theory, vol. 61, no. 3, pp. 371–390, 2022, doi: 10.1111/hith.12269.

Projet VerIT

C’est un projet de formation, dans le cadre des projets “Compétences et métiers d’avenir” (CMA). En savoir plus >>.

Détails

Date :
15 novembre 2024
Heure :
9 h 00 min - 17 h 00 min
Catégorie d’Évènement:

Organisateur

Clément Marquet et Florence Maraninchi

Lieu

Bâtiment IMAG Université Grenoble Alpes
150 place du Torrent Domaine Universitaire
St Martin d'Hères, France 38401
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