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Flavien Bazenet a remporté le premier prix de thèse Sphynx 2023
Posté le 12 mars 2024

Flavien Bazenet, a remporté le premier prix de thèse1 Sphynx 2023, pour son analyse de l'influence des récits journalistiques sur l'intention d'entreprendre des startuppeurs  ou entrepreneurs digitaux.

Le prix Sphynx est décerné pour la qualité de leurs travaux à de jeunes docteurs en Sciences de Gestion, en Sciences de l’Information et de la Communication et en Sciences de l’Education.

Ce prix récompense un travail sur le traitement journalistique de l’entrepreneuriat numérique devenu omniprésent dans les médias depuis quelques années. L’entreprise numérique est vue comme une solution aux problèmes économiques et politiques actuels, le concept de « la start-up nation » est désormais familier à tous. Le cinéma s’est emparé du sujet, des séries comme Silicon valley et Jobs ont romancé l’univers des start-ups.

La communication est la spécialité de Flavien Bazenet, co-fondateur, ex-associé et Directeur général d’une agence spécialisée dans le conseil en communication personnelle et en stratégie d’influence des dirigeants.  Au cours de son activité professionnelle, Flavien s'est interrogé  sur la forme de relation ambiguë et équivoque qu’entretiennent les journalistes et les start-ups : les journalistes publient et romancent le storytelling construit par les entrepreneurs qui instrumentalisent les médias pour favoriser leur propre développement. 

« Je me suis demandé si le traitement de l’entrepreneuriat numérique par les médias influençait les porteurs de projets numériques. Cela m’a donné envie de faire une thèse qui a donné lieu à trois articles. Je voulais étudier les discours et les réflexions des journalistes à l’égard des start-ups du web, examiner la question de l’adhésion des porteurs de projets digitaux à la mythologie entrepreneuriale proposée par les médias et enfin l'impact sur l’envie d’entreprendre » développe le jeune chercheur.

Quels sont les résultats de ce travail ? « J’ai constaté que les médias généralistes comme spécialisés traitent l’entrepreneuriat de manière homogène jusqu’à 86% d’entre eux partagent des opinions similaires même sur des sujets contrastés comme la bulle internet. Les journalistes adhèrent au mythe de la bonne idée comme principale cause du succès de la start-up alors que les travaux des chercheurs démontrent que la qualité de l’exécution des produits et des services est beaucoup plus importante » relève-t-il.

En quoi l’homogénéité du discours a-t-il une influence sur le monde académique et les acteurs numériques eux-mêmes ? « Le travail des chercheurs qui contredit la vision de la réussite facile des startuppeurs peine à être diffusé dans la presse » répond Flavien. « Par ailleurs, les primo entrepreneurs du numérique anticipent une réussite rapide de leur projet et prennent moins le temps de se préparer » reprend-t-il.

Cette vision d’un eldorado économique a-t-elle des conséquences sur l’envie d’entreprendre elle-même ? « La vision positive de l’entrepreneuriat numérique attire certains porteurs de projets digitaux plus par rejet du salariat traditionnel que par goût de l’entrepreneuriat lui-même. Par ailleurs, les porteurs d’un projet numérique sont moins guidés par l’envie d’être leur propre patron que par l’envie d’avoir un impact sociétal. Ils s’intéressent surtout à la finalité du projet. C’est différent pour un entrepreneur non digital et qui porte un projet de boutique, d’une boulangerie par exemple. Son but est d’être boulanger et d’en vivre. Un entrepreneur du numérique dans ce secteur cherchera à améliorer l’accès à la nourriture pour tous » détaille-t-il.

Enfin, « Ils sont conscients des incertitudes. Pour eux, la faisabilité d’un projet s’évalue davantage à la capacité à mobiliser son réseau et de la capacité à apprendre que pour les entrepreneurs classiques. L’évaluation des savoir-être se substitue à l’évaluation des savoir-faire. Les porteurs de projets numériques peuvent aussi tester très en amont la faisabilité de leur projet en profitant des possibilités technologiques offertes par les technologies numériques en montant par exemple un site de test » explique-t-il.

« L’entrepreneuriat numérique n’est pas une forme additionnelle d’entrepreneuriat, il a ses propres principes, procédures et pratiques. Ce champ ouvre de nouvelles perspectives de recherche » conclut-il.

1 « De l’intention d’entreprendre des porteurs de projets numériques : l’influence des représentations véhiculées par les médias », réalisée à Télécom Paris, soutenue à l'Institut polytechnique de Paris sous la direction de Valérie Fernandez et Thomas Houy.