i3, une unité mixte de recherche CNRS (UMR 9217)
en

Institut Interdisciplinaire de l'Innovation

Politiques, instruments, innovations pour la transition écologique.

Responsables de l’axe :  Philippe Lefebvre & Béatrice Cointe

La transition écologique est un défi pour l’action collective comme pour la pensée. Comment se représenter ses exigences : transition ? rupture ? adaptation ? innovation ? A partir de quels savoirs, hypothèses, scénarios, interactions entre acteurs ?

Comment les acteurs problématisent-ils cette ‘transition’ : quels phénomènes et interactions prennent-ils en compte (énergie, matières, biodiversité,  eau…), quels périmètres géophysiques, quelles échelles de temps ? Quelle place est faite aux questions de justice sociale, de santé publique, de risques économiques ? aux innovations sociales comme aux innovations technologiques ? Quelles pistes de solution sont explorées ou délaissées et pourquoi ? Comment évaluer l’intérêt a priori de ces pistes ?

Ces questions se posent pour chacun des grands types d’acteurs concernés : acteurs publics, acteurs privés de normalisation, entreprises, consommateurs, société civile, monde académique.

1. Transition et Politiques publiques

Au niveau international, comment apprécier les multiples innovations de gouvernance apparues, des COPs et GIEC aux Objectifs de Développement Durable : efficacité, base scientifique, principes de justice, apprentissages générés ?

Au niveau français, comment coordonner les multiples stratégies (SNBC, FREC, FR ODD, etc.), qui ont succédé à la Stratégie nationale de développement durable ? Comment articuler ces stratégies avec les stratégies régionales (SRADDET, SRCAE, SR Biodiversité, etc.) et avec les engagements des acteurs privés ? Comment concevoir la planification des investissements pour la transition ? Quels grands modèles alternatifs voit-on dans le monde ?

Au niveau français comme européen, comment évaluer les avancées réglementaires en matière de RSE (article 1833, société à mission, devoir de vigilance) et de durabilité (taxonomie verte, CSRD, MACF, etc.) ? Comment relayer cette effervescence réglementaire, aujourd’hui contestée : incitations ? politiques publiques d’innovation ? accords volontaires ? sur quoi et selon quelles modalités ?

2. Transition et Normes volontaires

La variété et la dynamique des normes volontaires et labels pour la transition destinés aux organisations méritent d’être analysées : acteurs et sources de ces régulations, objets, leviers d’action, niveaux d’exigence, processus d’octroi, ampleur de diffusion, efficacité sur les pratiques et résultats écologiques, apprentissages, communication, crédibilité et impacts sur le comportement des parties prenantes, etc.

Le foisonnement de ces normes volontaires, de rigueur variable, soulève la question de leur reconnaissance sélective par la puissance publique. Plus largement, les multiples interactions possibles entre normes volontaires et formes d’action publiques (réglementation, incitations, conditionnalité, etc.) méritent d’être investiguées pour dégager les plus fécondes pour la transition.

3. Transition et Entreprises

Pour les entreprises, comment se représenter les exigences de la transition à leur échelle ? Quels enjeux sont a priori les plus pertinents pour leurs activités et localisations ? Comment apprécier leur criticité et leur actionnabilité ?

Sur ces bases, quelles transformations engager et selon quelles formes précises : (éco)-conception, production et logistique (sobres), marketing-vente et achats (responsables), SAV et réparabilité (durables), business models (d’accès à un service plus que de cession d’un produit) ? Agir, c’est aussi interagir avec sa chaine de valeur et avec les acteurs du territoire (économie symbiotique).

C’est enfin toute la manière d’apprécier la performance (comptabilité, performance globale), de l’orienter (gouvernance), d’en rendre compte (reporting), d’interagir avec les parties prenantes, qui se trouve bouleversée par la transition.

4. Transition et Entreprises

Quels dispositifs sont susceptibles de soutenir une consommation « écologique » ? Quels nouveaux modes de mobilisation sont à l’œuvre dans les conflits d’usage de ressources (eau, sols, forêts, océans) ? Comment le recours au droit fait-il évoluer les répertoires de l’action militante (procès pour inaction climatique, liens écologie/droits humains, etc.) ? Sur quels appuis techniques, marchands, organisationnels et juridiques se jouent les diverses modalités d’action écologique ? Autant de questions à investiguer.

5. Transition et Controverses

La transition écologique est affaire épistémique : les connaissances qu’elle engage font l’objet de nombreux débats et contestations. La production de connaissance participe d’ailleurs souvent de la formulation des questions écologiques. Comment s’organise la confrontation entre les acteurs produisant ces connaissances (experts, chercheurs, think tank, profanes) ? De quelle manière différents savoirs (techniques, environnementaux, économiques…) sont-ils combinés pour formuler et analyser les problèmes, proposer des solutions, élaborer des modèles, concevoir des technologies ? Quelles constructions sociotechniques sont à l’œuvre dans les dispositifs épistémiques mobilisés (bases de données, modèles, cartographies, instruments de mesure…) ? Comment les contradictions et tensions inhérentes à la pluralité des perspectives sont-elles résolues, quand elles le sont ? Y a-t-il des spécificités des controverses sociotechniques suscitées par les transitions écologiques ?

Telles sont certaines questions de transition écologique étudiées au sein d’i3.

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