Cette séance explorera l’économie du carbone à travers la mise en place et la coordination des marchés de compensation des émissions de gaz à effet de serre. Quelle économie et quels marchés se structurent autour du carbone, et par le biais de quels instruments ? Quel rôle jouent l’expertise et la critique dans le développement et l’évolution de ces marchés ?

Stéphanie Barral (INRAE, LISIS) – Le label bas carbone, un level playing field ?

Depuis le milieu des années 2010, le Ministère de l’Écologie coordonne un dispositif de compensation volontaire des émissions de gaz à effet de serre, le Label Bas Carbone. Celui-ci a vocation à inciter la participation large d’acteurs économiques enclins à réduire leur empreinte carbone d’une part, ou à effectuer des changements vertueux dans leurs systèmes productifs pour bénéficier de la vente de crédits carbone d’autre part. Le déploiement du Label Bas Carbone repose sur la construction d’un système d’équivalence stricte entre les émissions compensées et évitées, selon une logique comptable courante dans ce type d’instrument. Cette présentation, reviendra sur l’instrumentation de cette mise en équivalence et sur ses implications en termes de coûts de coordination, afin de discuter l’économie de moyens à l’œuvre pour soutenir des actions environnementales finalement très limitées.

Alice Valiergue (Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique, CSO) – Avec et contre la critique : une analyse du développement du marché de la compensation carbone des années 2000 à nos jours

La présentation sera consacrée aux résultats d’une enquête sociologique menée sur le marché de la compensation carbone, où des entreprises, qui n’ont aucune obligation de souscrire à ces services, achètent à des opérateurs privés, ONG ou entreprises, des  crédits carbone pour compenser leurs émissions de gaz à effet de serre (GES). La recherche menée a pour point de départ le questionnement suivant : si ce marché soulève des controverses, comment expliquer qu’il se développe et que des entreprises soucieuses de leur réputation continuent d’acheter des crédits carbone ? A l’appui des résultats de l’enquête, la présentation rendra compte du rôle joué par la critique dans le développement de ce marché.

Stéphanie Barral (INRAE, LISIS) est chargée de recherches en sociologie à INRAE. Ses travaux sont articulés autour de la question suivante : peut-on résoudre des problèmes environnementaux avec des instruments économiques ? A travers les cas de la compensation écologique et de la compensation carbone, elle développe une sociologie des marchés de l’environnement selon trois angles d’analyse : 1) l’articulation entre sciences de l’environnement, régulations publiques et marché ; 2) les effets de sélection qui découlent de leur mise en œuvre ; 3) la transformation du secteur agricole à travers l’intégration des exploitations à ces nouveaux marchés.

Alice Valiergue (EHESP, CSO) est post-doctorante à la Chaire santé de Sciences po. Sa thèse réalisée au Centre de Sociologie des Organisations portait sur le marché de la compensation carbone. Elle a depuis travaillé sur la sociologie de la drogue en Polynésie française et sa recherche post-doctorale actuelle porte sur une expérimentation d’un nouveau mode de remboursement des soins. Elle est l’autrice du livre Compensation carbone. La fabrique d’un marché contesté (Sorbonne Université Presses).

Une transmission par visioconférence / zoom est également prévue. Le lien sera transmis sur inscription juste avant le séminaire.

Le séminaire est ouvert à tous. Pour participer au séminaire, merci de vous inscrire ici.

 

Contact : Nassima Abdelghafour, Béatrice Cointe, Kewan Mertens ou Alexandre Violle

En savoir plus sur les attendus et le programme du séminaire

Photo source :  Stéphanie Barral, LISIS ; Alice Valiergue, CSO-Science Po.